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Et la Grande-Bretagne, dans tout ça ?

13 Mai

Un mouvement très important est apparu en Grande Bretagne en 2006 : celui des Territoires en TransitionTransition Towns en anglais -, sous le leadership de Rob Hopkins, un enseignant en permaculture. Je vous laisse découvrir ce mouvement très intéressant et son ampleur en France par le site http://www.transitionfrance.fr/.

En très gros, il s’agit d’un mouvement de citoyens qui partent du principe que nous sommes face à 2 événements majeurs qui vont bouleverser nos modes de vie : la fin du pétrole et le changement climatique. On ne peut pas lutter contre ces réalités, et l’idée du mouvement est de les anticiper en s’organisant pour créer des lieux de vie (les fameux territoires en transition) organisés de manière cohérente et résiliente. Il faut pour cela ré-inventer nos modes de production, de consommation, pour qu’ils soient adaptés à ces phénomènes. Cela nous amène à re-localiser beaucoup de choses…

Ce mouvement fonctionne en réseau non-hiérarchique et décentralisé. Il prend de l’ampleur au niveau mondial, un peu partout et y compris en France.

Le point qui m’intéresse ici, vous l’aurez deviné, c’est cet aspect re-localisation de l’économie, qui amène forcément à se poser la question des monnaies, et notamment des monnaies locales. C’est ainsi que 4 villes en transition de Grande-Bretagne ont commencé à émettre entre 2007 et 2009 leur propre monnaie, valable uniquement sur leur territoire. Il s’agit des villes de Totnes (où est né le mouvement), Lewes, Stroud et Brixton (dans la banlieue Sud de Londres).

Les caractéristiques de ces monnaies sont classiques – vous les connaissez bien si vous lisez régulièrement ce blog…- :

  • La monnaie ne peut être utilisée que dans les commerces indépendants du territoire. L’idée est bien d’éviter la fuite de liquidités. Selon une étude de 2002 de la New Economics Foundation, basée à Londres, en moyenne seuls 10 à 12 pennys pour une livre sterling dépensée au supermarché restent dans l’économie locale !
  • Les commerçants sont incités à faire des réductions (ou autres avantages) pour les personnes payant en monnaie locale. Totnes et Lewes ont essayé de rendre ces réductions obligatoires, mais ils ont fait marche arrière, car cela ne fonctionnait pas pour certains commerçants.
  • le Stroud pound est le dernier né (septembre 2009), et est basé sur le même système que le Chiemgauer allemand : quand un consommacteur l’achète sur la base de 1 pour 1, 3% de la somme est reversée à une association locale. Il y a une taxe de 5% pour les commerçants souhaitant l’échanger contre des livres sterling, et la monnaie « fond » trimestriellement pour 3% de sa valeur.
  • Pour les 3 autres, le système est plus simple : on échange la monnaie sur la base de 1 pour 1, et elle peut être convertie en livres sterling dans quelques points de vente précis – sans taxe.
  • Comme vous pouvez le voir en ce qui concerne le Brixton Pound, son design est assez flash ! L’accent est très fortement mis sur l’identité locale, puisqu’il s’agit de « héros » du quartier.
  • Une curiosité : le Lewes pound se décline sous la forme de billets de 1, 5, 10 et… 21 livres…

Monnaies locales : France 12 – Allemagne 65 !

10 Mai

Si la France a déjà un certain nombre de monnaies locales en préparation et en action, elle n’est qu’un petit nain comparé à l’Allemagne… A ce jour, 65 projets de monnaies locales sont en cours, dont 28 actifs – le plus vieux date de 1998, à Bremen (encore en activité). Au total, ce sont près de 900 000 EUR qui sont en circulation en monnaie locale sur toute l’Allemagne – bon, OK, ce n’est pas grand chose, mais vous avez bien compris que je pense qu’on n’est pas à l’abri d’un effet boule de neige et d’une croissance exponentielle -. 55% de ces systèmes sont des monnaies fondantes, certaines sont adossées à l’euro, d’autres non… Bref, une belle diversité ! Le secteur est en train de connaître des phénomènes de fusion et d’alliances entre systèmes, et tout ce mouvement essaye de s’organiser – site internet fédérateur, mise en commun des expériences et des outils, réflexion commune… -.

Mais de cette profusion ressort une monnaie qui est la plus connue et la plus développée : le Chiemgauer, né en 2003 dans la région de Prien en Bavière. Elle a été créée par les élèves de l’école Waldorf et leur professeur d’économie, Christian Gelleri (une interview en français de Christian Gelleri de décembre 2008). D’une simple expérimentation au départ, le projet a pris beaucoup d’ampleur, jusqu’à faire des émules, et devenir une expérience internationalement reconnue.

Comment ça fonctionne ?

Le chiemgauer est une monnaie papier, adossée à l’euro. Les billets sont émis par l’association qui gère la monnaie. Ils sont vendus à 97 EUR pour un 100 chiemgauer (CH) à des associations sportives ou sociales de la ville. A leur tour, ces associations vendent aux consommateurs ces billets, à 100 EUR pour 100 CH. C’est donc pour les citoyens un acte militant : ils savent qu’en utilisant le chiemgauer plutôt que l’euro, non seulement ils favorisent l’économie locale, mais en plus, ils financent les associations de leur territoire.

Nos citoyens-consommacteurs vont donc acheter dans les commerces locaux ce dont ils ont besoin. Les commerçants ont le choix entre continuer la chaîne en utilisant ces chiemgauers pour eux-mêmes consommer localement, ou bien les changer en euros, avec une pénalité de 5% – un billet de 100 CH étant changé contre 95 EUR. Les 2 euros de marge servent à financer le fonctionnement de l’association Chiemgauer. Et les commerçants payent ainsi 5% le service rendu par la monnaie locale, à savoir rediriger la consommation vers leur boutique plutôt que vers les supermarchés ou les chaînes. Système simple où tout le monde est gagnant.

Et bien entendu – mais vous connaissez le système maintenant – le chiemgauer est une monnaie fondante, qui perd 2% de sa valeur faciale chaque trimestre. Résultat : un chiemgauer circule en moyenne 20 fois dans l’année, contre 3,5 fois pour un euro. 6 fois plus de transactions en monnaie locale… bel exemple de vélocité de la monnaie !

Résultats et développement

Le système, outre son essaimage et son rayonnement, continue sa croissance et ses expérimentations :

  • 582 000 chiemgauer en circulation (sachant qu’il y a l’équivalent de 900 000 EUR en monnaie locale en circulation en Allemagne, je ne vous fais pas un dessin sur le poids de cette monnaie particulière dans le secteur…) ;
  • 3000 utilisateurs particuliers, qui consomment auprès de 600 commerces ;
  • Le système a permis de financer à hauteur de 170 000 EUR les associations locales ;
  • Ils ont créé dernièrement une alliance avec sterntaler, une autre monnaie locale voisine, ce qui a porté le réseau à 820 commerces au total ;
  • Ils ont développé dernièrement une offre de microcrédit en chiemgauers et en euros : ils ont déboursé près de 500 000 EUR, dont 1/3 en chiemgauers.
  • (ce sont les chiffres que j’ai récupéré à Lyon lors de la conférence sur les monnaies sociales et complémentaires en février 2011).

La richesse est ailleurs, BD augmentée

5 Mai

OWNI, média internet, a publié avec Zoupic une BD augmentée (dessins de Loco), entendez une BD consultable sur internet.

Cette BD parle – rapidement – de la création monétaire, en termes assez polémique (mais ça fait du bien parfois !). Puis elle enchaîne avec le témoignage des personnages sur une monnaie locale – avec la mise en exergue de l’effet de solidarité et de de résilience que ce type de système permet.

Sur la page de présentation de la BD, il y a de plus une interview de Philippe Derudder, particulièrement actif dans la création des monnaies locales.

Une bonne BD pour se mettre en appétit, ou pour sensibiliser.

Banco Palmas et le mouvement des banques communautaires au Brésil

3 Mai

La Banco Palmas, c’est l’histoire extraordinaire d’une favela de la ville de Fortaleza. Grâce à un mouvement communautaire, les habitants de la favela se sont pris en main, ont assaini le quartier, se sont organisés pour obtenir l’eau courante, etc. Toute cette histoire est relatée dans un livre passionnant, Viva Favela !, qui est sorti en octobre 2009.

Cette histoire m’intéresse car dans le processus qui les a amené à s’organiser, les habitants du Conjunto dos Palmeira ont créé une banque locale qui était au démarrage une institution de microfinance classique. Mais la réflexion des habitants, menés par Joaquim Melo, les a amené à se rendre compte que le problème principal, qui les empêchait de sortir de la pauvreté, c’était la fuite de la monnaie hors de la favela. En effet, de nombreux habitants ont un travail et un petit salaire, mais ils le dépensent hors de la favela. Cela fait que le quartier reste un endroit sous-monétarisé, et les commerçants locaux manquent de clients, de liquidités, etc.

Ils ont donc créé leur propre monnaie, le Palma, à parité avec le real. Et la banque Palma propose donc des microcrédits d’investissement, en real, avec un taux d’intérêt, et des microcrédits de consommation, en palma, à 0%. Les palmas ne peuvent être dépensés que chez les commerçants du quartier, ce qui, comme les monnaies locales, privilégie les échanges économiques dans le quartier.

Courte émission sur la Banco Palmas, France 24

La Banco Palmas a de plus créé plusieurs entreprises locales, des centres de formation, etc.

Cette initiative, qui a failli être étouffée par la Banque centrale du Brésil, bénéficie maintenant de son soutien. De nombreuses banques communautaires voient le jour au Brésil et au Venezuela, sur le modèle de la Banco Palmas.

Personnellement, je connais bien la microfinance. Je suis persuadé que les liens entre la microfinance et les monnaies complémentaires sont multiples, et pleins de sens, mais étonnamment, il y en a très peu. Je ne connais que le système des banques communautaires, et j’ai appris depuis peu que le chiemgauer avait créé un système de microcrédit en monnaie locale. Mais c’est tout ! J’espère qu’à l’avenir, le secteur de la microfinance sortira un peu de ses rails et deviendra un peu plus créatif, en s’inspirant de ce qui se fait avec des monnaies complémentaires…

La multiplication des monnaies locales en France

29 Avr

En plus des abeilles et de l’occitan, les monnaies locales continuent leur diffusion en France… Le mouvement, qui est promu notamment par Philippe Derruder, prend de l’ampleur. Il est initié en général par des associations locales, et parfois par des collectivité – comme à Toulouse, Nanterre, ou Fontainebleau.

  • D’ici quelques semaines, la Mesure circulera à Romans Bourg de Péage
  • La Commune est en mode pilote à Roanne
  • Les lucioles en Ardèche devraient s’envoler d’ici peu
  • Toulouse met en place le SOL Violette, en mai, avec une quarantaine de commerces…
  • Angers prépare également une monnaie locale, l’écHo. Quelques articles à propos de la préparation de ce projet.
  • A Aubenas, c’est la Bogue qui se prépare
  • En Lorraine, le Déodat est en cours d’élaboration.
  • Annemasse, le Havre, Nanterre, Fontainebleau, etc. sont en pleine définition de projet…

On devrait bientôt arriver à avoir une monnaie par ville, à ce rythme-là !! Par contre, je me demande quel volume va atteindre chacune de ces monnaies. Vont-elles rester un peu confidentielles, limitées à quelques militants ? C’est probable pour la plupart d’entre elles…

A noter qu’un très bon site s’est ouvert sur le sujet des monnaies locales en France, vous pouvez y trouver beaucoup d’informations : http://monnaie-locale-complementaire.net/. Il est en cours de rassemblement de contenu. Si vous avez des informations sur des projets locaux, n’hésitez pas à prendre contact avec eux pour qu’il devienne un site de référence sur le sujet !

L’épopée du trueque argentin

18 Avr

Les clubs de troc (qui ne sont ni des clubs, ni du troc !, dixit Heloisa Primavera, qui a été très impliquée dès le début dans l’aventure) sont nés dès 1995 en Argentine. Il s’agit plus ou moins de la création de marchés locaux où les denrées et les services s’échangent avec une monnaie complémentaire, le credito.

Vous devez vous souvenir de la crise extraordinaire, à la fois politique et financière, qu’a traversé l’Argentine en 2001 ? Beaucoup d’argentins ont à ce moment-là tout perdu… Logiquement, cela a été le pic d’utilisation des clubs de troc : 2,5 millions de personnes vivant grâce à ce système !

Malheureusement, la montée en puissance de ces clubs a été trop rapide, et de nombreuses malversations vont entraîner leur chute brutale… A partir de 2002, la surémission de creditos conduit à une inflation galopante, les clubs connaissent des histoires de corruption, d’abus de pouvoir, etc. Ils vont quasiment disparaître en quelques mois.

Je vous conseille de lire la newsletter de TAOA sur le sujet, ainsi que tous les articles qui y sont rattachés (les liens sont dans la newsletter). TAOA a mené l’enquête sur place, de novembre 2010 à janvier 2011, et nous met à disposition leurs découvertes – merci notamment pour tous les non-hispanophones ! Ces articles nous permettent de revivre tout ce mouvement extraordinaire, qui donne à réfléchir aujourd’hui, autant dans sa croissance que dans sa chute.

« Créer des monnaies par millions », un article du Monde

4 Avr

C’était le 19 août 2009 – période de grande audience, me direz-vous -. Le Monde publiait un long article, sous la plume de Hervé Kempf, sur les monnaies complémentaires, libres, sociales.

On y retrouve le WIR, Bernard Lietaer – version cuistot -, Jean-François Noubel, et des allusions au SEL, au SOL, aux monnaies locales en Allemagne, à ce qu’il s’est passé en Argentine, à ce qu’il se passe au Brésil, etc.

Je l’ai personnellement trouvé intéressant. Le fait que le Monde y consacre un grand article – bon, OK, en plein mois d’août… – est quand même une preuve de plus de l’émergence du mouvement.

Lire l’article Créer des monnaies par millions, par Hervé Kempf, le Monde daté du 19 août 2009

Les monnaies fondantes

19 Mar

Quand on crée un système monétaire, on peut en choisir les règles, et éviter de reproduire les limites du système monétaire dans lequel nous vivons – entre autres problèmes, je vous renvoie au film The Money Fix, qui explique si bien le problème de l’argent dette et du taux d’intérêt.

Le taux d’intérêt est justement une des règles sur lesquelles on peut jouer, car elle a des effets pervers. Pourquoi vit-on dans un monde où garder l’argent pour soi, sans le faire circuler, rapporterai de l’argent ? Cela incite à bloquer les moyens d’échange… De plus, les taux d’intérêt limitent l’investissement dans l’économie réelle.  Par exemple, si je dois faire un investissement, je calcule combien l’argent employé pour cet investissement me rapporterai si je le plaçais sans risque. Si le placement sans risque me rapporte plus que l’investissement, alors je ne le fais pas. Logique, non ? Mais le problème, c’est qu’avec un tel raisonnement, il y a des masses énormes d’argent stockées à ne rien faire, qui ont quitté l’économie réelle pour rejoindre la sphère financière.

Et pourquoi ne pas inverser les choses ? Dire qu’au contraire, l’argent perd de sa valeur au fur et à mesure du temps ? Une sorte d’intérêt négatif, en quelque sorte.

Imaginons que vous soyez à la tête d’une petite entreprise. Dans le système actuel, vous essayez de payer vos fournisseurs le plus tard possible pour garder de la trésorerie, vous faites des investissements le plus tard possible, etc. Et si l’argent sur votre compte en banque perdait de la valeur avec le temps, vous feriez quoi ? Vous payeriez vos fournisseurs immédiatement. Vous feriez les investissements dès que possible. Vous payeriez même vos impôts en avance !

Et bien, ce système de monnaie fondante existe, fonctionne très bien et donne des résultats absolument surprenant.

L’inventeur des monnaies fondantes s’appelle Silvio Gesell (1862-1930). Il publie en 1916 son ouvrage phare : l’ordre économique naturel, dans lequel il expose sa théorie de ce qu’il appelle à l’époque les « monnaies franches ». C’est son activité de commerce en Argentine, à Buenos Aires, alors que le pays est en proie à des crises économiques importantes, qui le fait réfléchir sur la structure de la monnaie et du capitalisme en général.

Pour faire court, il part du constat que dans la nature, tout se détériore, mais que l’argent obéit à une loi inverse. Cela incite a stocker l’argent, et donc à le retirer du circuit économique. A l’opposé, un argent qui se détériore avec le temps devient « libre » (« Freigeld »), puisque les acteurs économiques ne le retiennent pas. Il devient disponible pour les échanges, et ne subit pas de phénomène d’accumulation. Simple, non ? Naturel, non ? – d’où le nom de son livre « l’ordre économique naturel » -. On en pleurerait tellement cela semble évident… Pourtant, nous vivons depuis longtemps dans un monde monétaire inverse !

Les monnaies fondantes ne sont pas qu’une théorie. Elles ont été expérimentées après la crise de 1929, quand le monde souffrait tant au niveau économique et monétaire. Plusieurs expériences sont connues, la plus documentée étant certainement celle de Wôrgl, en Autriche. Elle a durée environ une année, a donné des résultats surprenants, avant d’être interdite par les autorités du pays.

On peut sentir, avec les monnaies complémentaires, une renaissance des idées de Silvio Gesell. De nombreuses monnaies locales sont en effet fondantes, pour éviter qu’elles ne soient accumulées et être sûr qu’elles circulent. Cela rejoint la petite histoire que je racontais, qui montre bien que l’argent, quand il circule, a un pouvoir très fort sur l’économie, alors que sa stagnation est extrêmement dommageable.

The Money Fix, un film à voir et à revoir

2 Mar

Les vidéos Vodpod ne sont plus disponibles.

The Money Fix est un film d’Alan Rosenblith. Vous trouverez l’original de la vidéo et toutes les informations autour de ce film sur le site de The Money Fix (en anglais). Attention, il dure 1h20 ! Mais ce ne sera pas du temps perdu.

J’aime particulièrement dans ce film l’introduction, où on voit des personnes ordinaires parler de leurs angoisses face à l’argent. Difficile de ne pas se reconnaître…

La partie suivante, sur la création monétaire et la problématique du taux d’intérêt dans notre système monétaire, est très bien faite. En 30 minutes, on a une explication très didactique du monde dans lequel on vit – et de son absurdité.

Ensuite, le film explique les implications du système : phénomène de rareté, de peur du manque, la compétition qu’il engendre, le problème de l’emploi… Tout cela est créé par notre système monétaire…!!

Arrivent ensuite une partie (à partir de la 50ème minute) sur les monnaies locales, puis (minute 60) sur le crédit mutuel (ce système aussi simple que génial, qui est utilisé dans les SEL), et enfin sur le bartering – le « troc » entre entreprises, qui concernait aux Etats-Unis 240 000 entreprises et l’équivalent de 30 milliards de USD au moment du film.

Parler de tout ça en 1h20, c’est bien un challenge. The Money Fix est vraiment un film didactique, qui montre les problèmes, donne des ouvertures, permet de réfléchir (j’aime bien les parallèles avec la nature qui reviennent tout au long du film). Vraiment, à voir et à revoir, à montrer et partager…

Une petite histoire

3 Fév

Vous l’avez déjà peut être (sûrement ?) lu quelque part sur internet, cette histoire, mais au cas où… la voici, à ma sauce, avec mes 2 petites conclusions.

La petite histoire
Il était une fois un petit village à l’ambiance morose où les gens ne s’entendaient pas très bien.
Un jour, une femme étrangère au village se gare dans une belle voiture de sport devant l’hôtel-restaurant de la place principale. Elle y entre et demande :
« J’aimerais réserver une chambre pour les prochains jours ». Et en guise d’acompte, elle pose sur le comptoir un billet de 200 EUR. Puis elle s’en va.
Aussitôt, le tenancier de l’hôtel va chez le boucher-traiteur avec le billet, et lui dit : « tiens, je te devais 200 EUR, les voici ». Le boucher-traiteur les prend, et court aussitôt chez l’éleveur du village, et lui dit : « tiens, je te devais 200 EUR, les voici ». L’éleveur prend le billet, court chez le paysan, et lui dit : « je te devais de l’argent, tiens, voilà 200 EUR ». Le paysan court avec le billet voir la fille de joie du village, et lui dit : « voilà les 200 EUR que je te dois, prends-les ! ». Et cette dernière d’aller voir le tenancier de l’hôtel restaurant : « je viens régler ma dette. Tiens, voilà les 200 EUR que je te dois ».
Quelques minutes plus tard, la femme riche revient à l’hôtel, et dit : « je viens d’avoir un appel, je dois rentrer chez moi… Redonnez-moi mon acompte, j’annule ma réservation ». Le tenancier de l’hôtel lui rend son billet. Elle prend alors son briquet, et brûle le bout de papier en disant : « de toute façon, c’était un faux… ».

Conclusions
Que penser de cette histoire…??? Personnellement, je retiens 2 choses :

  • D’une part, l’argent est une question de confiance. Si j’ai confiance dans un morceau de papier, pour ce qu’il représente, je peux l’utiliser comme référent pour des échanges – comme les gens du village ont utilisé un faux billet pour régler leurs dettes. Les monnaies complémentaires sont exactement pareil : si on a confiance dans le système (de SEL, de monnaie locale, etc.), on peut tout à fait utiliser ce vecteur comme un moyen d’échange, au même titre que les euros.
  • D’autre part, cette histoire est une illustration d’une notion très importante dont j’ai déjà parlé (c’est la raison n°4 d’utiliser les monnaies locales) : la vélocité de la monnaie. Une monnaie qui stagne, qui ne s’échange pas, c’est exactement ce qui se passe au démarrage dans ce village : pas d’échange possible. Par contre, l’arrivée du billet de 200 EUR permet de revitaliser l’économie du village. Tout à coup, l’argent tourne ! Et c’est ça qui, finalement, est important. Il vaut mieux qu’il y ai à un endroit peu d’argent qui tourne beaucoup, plutôt que beaucoup d’argent bloqué à quelques endroits (toute ressemblance avec une certaine crise, un certain système bancaire ou autre ne serait que purement fortuite…). Le mieux étant qu’il y ait beaucoup d’argent qui tourne beaucoup (!), assurant par là la fluidité des échanges. Cette fluidité pouvant être assurée par la mise en place d’une monnaie dite « suffisante », comme c’est le cas avec le système de crédit mutuel des SEL.